dimanche 15 novembre 2009

Le dogme de la femme libérée

L’expression « femme au foyer » renvoie, dans la conscience collective à une image aussi archaïque qu’anachronique, d’un sexe féminin soumis, voire exploité par des hommes phallocrates et misogynes. De nombreuses analyses historiques montrent qu’il n’en est rien, et que l’histoire des relations homme-femme est plus complexe, plus riche, et surtout bien plus belle que ce que l’on nous prétend. (Pensons par exemple à l’émouvante courtoisie médiévale, ou à l’ascendant de la paysanne sur son mari, que l’on retrouve retranscrit avec humour dans les contes de Perrault) C’est pour cette raison que l’expression « femme libérée » me semble bien méprisante. Méprisante à l’égard des générations de femmes qui ont précédé le féminisme, méprisante à l’égard des femmes au foyer.

Le féminisme a engendré une avancée sociale, dans la mesure où il a permis à la femme le « choix », la possibilité de diriger davantage sa destinée. Tout du moins fictivement. Pour le libéralisme, c’est une transformation particulièrement rentable que celle de la mère au foyer (Qui achète avant tout pour le foyer familial) en femme « libérée »...Economiquement ! (Qui achète avant tout, ou tout du moins beaucoup plus pour elle-même.) En effet, une femme qui travaille, c’est aussi un salaire supplémentaire, qui permet donc de consommer davantage. N’est ce pas cette chère Simone qui a affirmé que la femme au foyer n’est pas « économiquement productive »?

De plus, là où le féminisme a particulièrement péché, c’est par sa vocation universaliste. Un mal-être touchant une certaine catégorie sociale de femme, (La bourgeoisie, pour ne pas la citer) laquelle s’est empressée, faisant le lit du libéralisme économique, d’ériger ses aspirations « indépendantistes » en revendications unanimement partagée par le sexe féminin. (En ce qui concerne Simone de Beauvoir, c’est une frustration qui la guide : son père souhaitant un garçon, elle n’aura cesse de se le reprocher, et de haïr son corps et sa condition...Elle le dit elle-même.)

Par la suite, pour asseoir la doctrine féministe, il a fallu donner une image désuète du modèle combattu : celui de la femme au foyer. Anciennement, on aimait la femme, on la vénérait même parfois pour son rôle le plus sublime : celui de donner la vie. A présent on assiste à un divorce forcé entre la mère et la femme. Nombreux sont les magasines féminins qui, pour aborder la sexualité explique à la lectrice qu’elle est une mère, mais qu’elle est « avant tout » une femme. Ce divorce se retrouve bien sûr dans les faits : il est difficile d’être une femme dynamique, épanouie professionnellement, mais aussi une bonne mère.

Bien sûr qu’il est important qu’une femme puisse faire un choix de vie. Mais pourquoi imposer avec un tel mépris, une telle condescendance un modèle prétendument idéal, et pourquoi censurer avec autant de véhémence ceux ou celles qui s’interrogent sur sa pertinence ?

Laurent.


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10 commentaires:

Anonyme a dit…

J'ai juste une question : avant de gratifier de ton analyse, tu t'es renseigné combien de temps sur le mouvement féministe en tant que tel?

Laurent a dit…

Je ne pense pas que le critère temporel soit un bon outil de mesure en ce qui concerne le savoir. Mais qualitativement et quantitativement, je me suis bien assez renseigné sur le mouvement pour toute une vie.

Sophie a dit…

En ce qui me concerne je ne suis pas renseignée sur le sujet, ma vision se bornera donc à celle d'une perception globale et intuitive des choses.

Je ne trouve pas que l'expression de "femme au foyer" renvoit à l'image que tu décris, même dans l'opinion populaire. Mis à part le modèle de la femme dynamique et célibatante véhiculée, il est vrai, par une quantité de magazines féminins, je crois qu'il n'y a pas de distinction bipolaire à faire entre une "femme au foyer" et une femme qui travaille.

D'ailleurs qu'est ce qu'une femme au foyer? Une femme qui n'a qu'un seul enfant et qui s'y consacre pleinement (faute de mieux?) est-elle une femme au foyer ou une femme qui n'a pas su se trouver d'autres centres d'interets? Pourquoi cette femme-là, mériterait elle plus de considération qu'une autre?


Peut être faut-il aussi se demander ce que recouvre le terme de femme liberée?
Sur le professionnel liberée d'une inégalité (qui existe) de statut, de rémunération, de crédibilité peut être.
Sur le plan social et personnel liberée d'une sorte d'oppression sexuelle masculine ambiante (encore que cette liberté-là ne me semble pas réellement aquise)

En fait je crois que les deux modèles que tu opposes, pris de façon large et théorique, sont justement parce que tu les opposes, aussi dangereux l'un que l'autre.

(Alain Soral? :) )

Laurent a dit…

Oh une Sophie ! (La question précédemment posée t'es-elle imputable ?)

Il n’est pas nécessaire d’avoir la science infuse pour intervenir ici, bien au contraire. Ainsi, sois sans craintes.

Je n’ai pas opposé une femme qui travaille à une femme au foyer. J’ai opposé un certain type de femme qui travaille (La femme libérée donc) à la femme au foyer, qui peut elle aussi, travailler...Puisque être femme au foyer c’est aussi travailler ! Ensuite je ne dis pas non plus qu’une femme au foyer mérite davantage de considération qu’une autre, je dis simplement qu’elle en mérite autant que les autres. Je conçois tout à fait qu’une femme au foyer puisse être méprisable, ou qu’une femme qui travaille mérite mon respect.

Le terme « femme libérée », suppose la libération. Or, même en supposant qu’il y eût bien aliénation, la femme s’est extraite de la croupe de l’homme pour finalement se soumettre... A la loi du marché. (Tout comme l’homme l’est, évidemment. Précision probablement inutile, mais sais-t-on jamais...) Alors femme martyrisée, femme humiliée, mais femme libérée ?

Pour rebondir sur le plan professionnel, parlons en effets des inégalités. Pourquoi est-ce qu’on entend de moins en moins parler des revendications salariales ? J’ai pris le temps et je me suis pris la tête à visiter la plupart des sites féministes, et qu’ai-je généralement trouvé, en tête des revendications ? « Si une publicité vous choque par son sexisme, envoyez une description et une analyse, pour le site. » ou bien « lutte contre l’essentialisme et les stéréotypes de genre », ou bien la revendication de la « Promulgation d’une loi antisexiste équivalente à la loi antiraciste ; cette loi inclura un aspect anti-homophobe. » L’intitulé du site des chiennes de Garde est le suivant « contre les insultes sexistes publiques ». (Tu pourras aller vérifier, et je pense que tu en seras affligée.) La valeur travail est de moins en moins abordée par des bourgeoises qui, contrairement à la serveuse de monoprix (Car évidemment, même si elle est payée autant que son homologue masculin, elle ne va pas consommer beaucoup plus.), ont acquis ce qu’elles désiraient d’un point de vue financier, et se sont donc rabattu sur des combats terriblement profonds et idéologiques, tels que l’élection du macho du mois. Pendant ce temps là, d’autres femmes peinent à joindre les deux bouts. Je n’adhère pas un seul instant au mouvement féministe, même si de prime abord, certains intentions paraissent louables. Mais quand bien même ça serait le cas, il faudrait encore que l’action féministe soit cohérente, substantielle et moins bourgeoise.
Ensuite, de quelle oppression sexuelle parles-tu ? Peux-tu objectivement –et je dis cela sans animosité aucune !- m’exposer des cas d’oppression véritables symptomatiques et généralisées ? (En évitant par pitié l’écueil sexualité.)
L’absence de modération est généralement dangereuse, c’est exact. Les deux modèles que je présente ici, sont des idéaux-types, qui ne forment pas des catégories homogènes, ce sont des outils théoriques, ne visant pas à imposer une vérité transcendante, mais à souligner des tendances fortes, et susciter la réflexion.
Soral ? Il se porte fort bien, ma foi, toujours honni, toujours satisfait ! (Plaisanterie mise à part, je suis content de voir que tu ne sombres pas dans le travers qui consisterait à m’insulter de fasciste, machiste, etc., pour avoir seulement fait référence à certains de ses concepts.)
Merci pour ton commentaire !

Sylvain a dit…

Je pense, Laurent, que tu ne vas pas au fond de ta pensée.
Les féministes crachent – et c'est un euphémisme – sur le modèle « pétainiste » de la famille. Sophie, je te propose d'aller à, par exemple, « Chiennes de Garde » et de proposer un tel modèle de famille (juste pour voir). Tu m'en diras des nouvelles, je te le garantis.

Tu l'as dit, Laurent, nous ne prétendons pas remettre au goût du jour ce modèle de famille; le temps a fait son œuvre, soit. Mais comprenons ce modèle : représente-il une domination de l'homme sur la femme ? Y répondre n'aurait aucun sens tant la question ne devrait pas se poser. Le fait que l'homme aille au travail n'était pas un privilège mais un devoir. Il se chargeait de la protection des enfants et de la femme, tant d'un point de vue financier que d'un point de vue « matériel ». Aussi allait-il en ce sens, à la guerre : il fallait protéger la France et ses enfants. Est-ce un privilège ?
Quant à la femme, on la respectait, on la cantonnait à son rôle de mère, peut-être, mais c'est parce qu'on considérait ce rôle comme un travail sacré, le plus beau qui soit, à savoir celui de perpétuer. Ce n'est pas du mépris mais une conception du rôle de chacun dans la famille, tout simplement. Est-ce une aliénation ? Faut-il aussi préciser que les femmes étaient auparavant conservatrices ?

Cette « liberté » donnée à la Femme, c'est une ouverture à un rôle économique, et la fin du cantonnement à un rôle sacré.

On pourrait à la rigueur s'en féliciter : il y aurait, enfin, une apparence de choix. Sauf que désormais, les familles modestes sont écrasées financièrement : la mère doit alors aller travailler et, ne pouvant payer une « baby-sitter » (du moins pas continuellement), ni un professeur particulier, l'enfant est seul, remis à lui-même. Échecs scolaires, tensions, divorces... C'est l'effet boule de neige. C'est tout un système que l'on peut définir.

Donc, je veux confirmer haut et fort ce que dit Laurent (tu as tendance à le murmurer), la femme « libérée » est un précepte individualiste et réducteur. Et, incontestablement, on a tendance, en ce moment, a poussé la femme à se « libérer » (il reste un choix, mais il est extrêmement limité en raison de la propagande actuelle et du statut financier des familles modestes).
Un choix, quand il n'est pas libre, n'en est pas un, c'est d'une logique banale. Alors oui, pour les classes sociales qui en ont les moyens, c'est une vraie liberté, quoique cela modifie la conception du rôle de la mère et brime la « liberté » de l'enfant de pouvoir se développer.

Voilà ce qui est critiquable.

Sophie a dit…

En placant le débat aussi largement sur le plan historique et idéologique je crains que vous ne crééiez des confusions dans tout esprit un tant soit peu limité (le mien du reste) et n'empêchiez une relexion ciblée.

Quelle est la véritable question qui se pose en fait? Pourquoi alors se cantonner au modèle de la femme christiano-occidentale?
Quelle sont les véritables valeurs que vous pronez, finalement?

Et, bien plus pragmatique mais tout aussi intéressant je trouve, quel genre de femme vous plait?

Laurent a dit…

Pour rebondir sur ce que tu dis Sylvain, il est à mon avis justifié d’affirmer que le féminisme a confondu différence des sexes (Laquelle est heureuse et avérée), avec la discrimination. Obnubilées par une égalité théorique entre homme et femmes, alors qu’il y a complémentarité, les féministes ont transformé la féminité en... Complexe d’infériorité. Par conséquent il leur fallait fuir leur statut qu’elles haïssaient. Et c’est là qu’est intervenue la collusion avec le système libéral, sur laquelle je ne reviendrai pas. N’en déplaise à Beauvoir, je me prosterne devant l’Eternel féminin, et j’affirme que la femme pour moi, c’est encore l’Autre, et c’est la raison pour laquelle je l’aime.

Sophie, je pense que le sujet qui nous intéresse ici ne peut être considéré isolément de son contexte, même s’il est exact que dans nos commentaires, nous avons quelque peu élargi la discussion. La question qui se pose, est celle de la situation de la femme en France. Se « cantonner » au modèle christiano-occidental de la femme, c’est avant tout insister sur un idéal qui a été celui de toute une société –la notre- pendant des siècles. Et déplorer son injuste procès. (Là, je ne suis pas sûr d’avoir répondu à ta question, ne comprenant pas exactement où tu veux en venir.)

Pour les valeurs prônées, je clamerais bien « Travail, famille, patrie » pour faire gueuler les anti-fachos, mais je me contenterai, pour éviter la censure –ou pire- de dire qu’elles sont réactionnaires et antilibérales, (Te faire un listing serait long, chiant, et assez ridicule à mon avis) et par conséquent...Terriblement subversives ! Besançenot en ferait dans sa culotte.

Voyons Sophie, si c’est mon affection que tu recherches, les ronds de jambes sont superflus ! Plaisanterie mise à part, voila une question qui nous éloigne du sujet initial, et qui est ma foi, peut-être un peu trop personnelle. Mais j’y vois une portée « critique » aisément assimilable au présent débat. Suis-je transporté par l’image d’une femme servile et soumise ? A cela je répondrais par la négative. Je lui préfère celle qui assume ses choix, et sa féminité. (Note au passage –et j’imagine que tu le sais- que les individus qui nous attirent sont parfois très loin de nos images idéalisées)

Sylvain a dit…

"Quelle est la véritable question qui se pose en fait? Pourquoi alors se cantonner au modèle de la femme christiano-occidentale?"

J'ai surtout voulu dire ce s'est passé historiquement. Après, il ne s'agit pas de revenir dans le passé, et le fait que la femme puisse travailler ne m'est pas intolérable bien au contraire, j'aimerais juste que la femme au foyer soit valorisée, par exemple avec une sorte de salaire.

"Quelle sont les véritables valeurs que vous pronez, finalement?"

Personnellement, je suis contre la réduction des individus à l'économie, globalement, c'est ça.
Mais c'est vrai que je ne vois pas où tu veux en venir. D'ailleurs sache que Laurent et moi n'avons pas exactement les mêmes valeurs, nous faisons, sur le présent sujet, des constats (de notre point de vue bien sûr, qui peuvent être contestés !).

"Et, bien plus pragmatique mais tout aussi intéressant je trouve, quel genre de femme vous plait?"
Je confirme la réponse de Laurent. Et ensuite, on est encore assez jeune donc la question ne se pose pas encore réellement !

Eva a dit…

j'aimerais apporter un élément de réponse à la question "de quelle oppression sexuelle parles-tu ? Peux-tu objectivement –et je dis cela sans animosité aucune !- m’exposer des cas d’oppression véritables symptomatiques et généralisées". Il me semble que l'on peut aisément constater dans notre histoire, l'existence d'un sentiment de supériorité des hommes sur les femmes, et très probablement d'un sentiment d'infériorité des femmes par rapport aux hommes, puisque c'est un phénomène culturel, social (ce n'est évidemment pas une généralisation, mais plus un constat sociologique). pour le caractériser, il est tout simplement intellectuel. L'importance du mouvement féministe se matérialise dans la progression de la femme du point de vue de sa place dans la société, vers la reconnaissance d'une égalité -intellectuellement parlant- avec l'homme, ce qui n'a pas été toujours le cas et est certainement encore en progression. Les exemples, je pense qu'ils sont évidents, on attend encore une femme à la présidence, au poste de premier ministre et j'en passe.

Laurent a dit…

Bonsoir Eva.

Pour commencer, je pense que ta conception de la sociologie est erronée, je ne comprends pas le cheminement intellectuel qui te pousse à opposer ladite science à la généralisation. De plus, ton constat n’est absolument pas sociologique, puisqu’il est faux. Ou si tu préfères, il est sociologiquement faux. Et il n’est pas question de te concéder, malgré tout le respect que je te dois, une éventuelle « liberté de conception. » Je m’explique :

1- Ce que tu appelles sentiments de supériorité/infériorité sont des conceptions différenciées des rôles respectifs de l’homme et la femme, intégrés pour des raisons tout d’abord biologiques : L’homme est physiquement plus puissant que la femme, donc il la protège, et il protège ensuite son foyer, voire sa patrie, en allant à la guerre, ce que la femme ne faisait pas...Y-a-il inégalité ? Est-ce scandaleux que des générations d’hommes soient mortes à la guerre ? Non. De même, des raisons psychologiques étroitement corrélés aux raisons biologiques accentuent ces conceptions : la féminité, l’instinct maternel, etc. On ne me fera pas croire que les jeunes femmes des temps anciens avaient comme vision de l’homme idéal, cette espèce de mâle émasculé que nous vante la société de consommation. (Métro sexuel, féminisation de l’homme) Dans ton commentaire, tu projettes tes conceptions, véhiculées par notre actuel -et déplorable- système de valeurs sur une époque que tu ne connais pas (Dans le sens où tu n’y a pas vécu), et qui elle aussi, avait son propre système. C’est le même phénomène que l’on peut observer, lorsque certains se permettent de juger d’autres nations, en se basant sur ce qui a cours chez eux. C’est méprisant, réducteur et par conséquent sans intérêt. Il faut arrêter les amalgames et les anachronismes.

2- Il n’a jamais été question de considérer que la femme est intellectuellement inférieure à l’homme. Elle est différente, et par conséquent, son intelligence se manifeste...Autrement ! D’ailleurs, la femme, physiquement inférieure à l’homme, a souvent recours, pour le blesser, à des stratagèmes machiavéliques, terriblement élaborés et subtils. Pour reprendre la thématique des femmes battues, si un homme –en situation de misère psychologique etc.- frappe sa femme, c’est souvent parce qu’il se sent inférieur, provoqué, défié, et que par conséquent, il réagira faute de mieux, par la violence. (Je précise, même si c’est évident que je ne fais NULLEMENT l’apologie de la violence faite aux femmes)

3- Pour finir, je rappelle qu’une certaine Édith Cresson a été premier ministre sous Mitterrand.

En te souhaitant une bonne soirée !