dimanche 23 janvier 2011

De Gaulle : espérer contre tout.

En tant que patriote et souverainiste, ne vous a-t-on jamais asséné, en plein débat : « mais de toute façon, ta France, elle est finie. L'Union Européenne, la mondialisation, c'est l'avenir. Que tu le veuilles ou non » ?

Face à cet argument, pris de court, vous avez quelque peu tergiversé ; reprenant vos esprits, vous avez finalement expliqué que ce n'est pas exact, que le rouleau compresseur a forcément des points faibles. Et votre interlocuteur, ne vous écoutant plus, de marteler avec condescendance que votre espoir est vain, presque stupide. Fin de la discussion.
Peu après, vous entendez cette assertion répétée, en substance, sur toutes les ondes ; vous passez outre, car après tout, vous accordez peu d'importance aux Bernard-Henri Lévy, Daniel Cohn-Bendit et comparses. Puis un jour, Régis Debray, penseur de qualité s'il en est, vous explique que la France est « sortie de l'Histoire ». Que certes, la sortie fut belle, grâce au Général de Gaulle ; mais que la France, c'est fini. Fin de l'Histoire.

C'est le coup de massue. Vous ne vous y attendiez pas. Comment ? Même Debray, celui qui a soutenu Jean-Pierre Chevènement en 2002 ? Vous vous frottez les yeux : non, vous ne vous êtes pas trompé ! Certes, vous n'étiez pas toujours d'accord avec lui, encore moins avec sa « famille de pensée », mais pourtant, n'a-t-il pas récemment rédigé un remarquable éloge des frontières ? Vous ne comprenez plus.
Finalement, on se dit que peut-être notre camarade avait raison... tout ceci est inutile... « Le démon de mon cœur s'appelle ''à quoi bon ?'' » disait Bernanos. On se le rappelle, mais on est touché... la flamme se meurt, elle n'émet plus qu'une faible lueur dans notre cœur assombri. Oubliant les mises en garde de l'écrivain, vous soupirez : « à quoi bon... ».


Réveillez-vous ! Rappelez-vous l'appel du 18 juin 1940 du Général de Gaulle : « quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas ». Le gaulliste que vous êtes ne doit jamais se résoudre à la fatalité, fût-elle justifée par ce qu'on qualifie de « réalisme ». La faiblesse passagère ne doit en aucun cas devenir une seconde nature.
N'oubliez jamais la leçon du Général : « Espérer contre tout » ! C'est ce que nous rappelle P.-M. Coûteaux dans son dernier ouvrage qui est une lettre ouverte à Régis Debray. C'est surtout un formidable plaidoyer pour la Résistance, et l'auteur nous rappelle toute la philosophie gaulienne qui inspira le geste du Général quand celui-ci ne consentit pas à l'armistice de 1940.
Coûteaux dénonce ce « dégoût [qui] a gagné presque tout le monde, sur tous les bancs : depuis les miens, qui plongent souvent dans la délectation morose ''on se bat encore, mais ne nous le cachons pas : c'est fini'' ». Il décrie tous les « intellectuels fuyards » du 20ème siècle qui rallièrent respectivement l'empire allemand, stalinien, chinois et finalement américain ; et qui épousèrent « une grande cause, pourvu que ce ne soit pas celle de [leur] peuple » (de Drieu la Rochelle à Sartre).
Au contraire, le Général de Gaulle, c'est d'abord l'homme qui ne se rendit pas. Quoi qu'il arrive. Peu importe la situation, la « réalité ». Justement, cette prétendue réalité (que ce soit « la France est sortie de l'Histoire » de Debray, ou le plus trivial « ta France elle est finie ») qui justifierait tous les abandons est en fait un prétexte bien commode pour justifier la lâcheté, car comme l'explique Bernanos (cité par Coûteaux) : « les réalistes, se flattent de se conformer aux événements et aux hommes. Mais qui se conforme aveuglément à ce qui est n'est rien, car ce qui est n'est déjà plus. L'honneur de l'Homme, c'est de se garder libre vis-à-vis de ce qui est, afin de pouvoir conformer son âme à ce qui doit être, à ce qui sera ». Ainsi, le fatalisme, disait le Général, n'est que le « paravent de la passivité et du déshonneur » ; le même qui justifia l'armistice de 1940.

Aujourd'hui, le combat continue. Les forces qui tentent d'abattre la souveraineté, qui est « d'abord une conscience fière de soi-même », paraissent parfois imbattables. Il est en effet vrai que la lutte n'est et ne sera pas aisée ; que les rapports de force ne sont pas équilibrés ; que les motifs d'espérance manquent parfois à l'appel. Mais la France connut pire : en 1420, après la signature du Traité de Troyes qui faisait comme successeur à Charles VI le roi d'Angleterre Henri V, ou tout simplement en 1940, quand l'armée allemande écrasait l'armée française. Et pourtant, jamais l'on a songé à dire que l'armistice de 1940 fut une bonne chose.

Ainsi, face à « l'armistice de Maastricht » et celui de Lisbonne ; face de manière générale à la trahison des élites mondialisées, le tout est de ne pas céder. Cependant, cela ne veut pas dire que ce sera un long fleuve tranquille : « L'espérance est toujours un risque à courir, et même le risque des risques. L'espérance n'est pas une complaisance envers soi-même, c'est la plus grande et la plus difficile victoire qu'un homme puisse remporter sur son âme » (Bernanos, cité par Coûteaux).

L'ouvrage de Coûteaux, « De Gaulle : espérer contre tout », est à lire, car il nous rappelle que le défi qui nous attend n'est pas simplement politique, il est aussi moral.

Sylvain

Share

N'hésitez pas à vous abonner à notre flux rss.
Lire la suite ...!

dimanche 9 janvier 2011

François Mitterrand : un curieux destin.

Curieux destin que celui du florentin !

Qui eût pu croire que François Mitterrand, issu d’une famille bourgeoise de province, proche de l’Action française, des Croix de feu, des cagoulards et vaguement maréchaliste deviendrait un président dit socialiste ? Mitterrand fut avant tout un opportuniste génial et une girouette politique de premier plan… Après la seconde guerre mondiale, le vichyso-résistant qu’il était fut superficiellement gaulliste avant de se lancer à la conquête de la gauche. Se voulant à présent homme de gauche et humaniste, l’affaire d’Algérie lui permit d’affiner son image en s’indignant des exactions qui y furent commises par l’armée française. Il se refusa ensuite à accorder sa confiance au général de Gaulle, et devint l’un des plus farouche opposants au dernier héros de l’histoire de France. Son essai, le coup d’Etat permanent le rendit incontournable et son succès, couplé à son indubitable talent oratoire contribuèrent assez largement au résultat impressionnant qu’il obtint aux présidentielles, fragilisant un de Gaulle effaré d’être mis en ballotage. A la tête d’un Parti Socialiste né en 1971, le florentin énonça bientôt ses 110 propositions pour la France, qui devaient lui permettre d’être élu président de la République.

Peu avare de promesses sociales, habile séducteur des masses trahies par la rupture du pacte du CNR, Mitterrand multiplia les mesures symboliques mais inutiles (Abolition de la peine de mort alors qu’elle avait quasiment disparu en pratique) et délétères (loi Gayssot, traité de Maastricht) et se révéla être, à défaut d’un socialiste, un social-traître dont la politique menée suscita une immense vague de déception chez ses électeurs. Mais ne lui en voulons pas trop, et réjouissons-nous plutôt : l’ensemble de son parcours souligne l’évidente collusion que nous avons déjà souligné ici entre la droite et la gauche libérale, marchant main dans la main pour soumettre la France au capitalisme mondialisé. Car ne l’oublions pas, si l’on doit imputer à Valéry Giscard d’Estaing la loi de 1973 interdisant à l’avenir à l’Etat de se prêter de l’argent à taux quasi-nul afin de financer les dépenses publiques et donc l’obligation d’emprunter de l’argent à des taux usuriers sur les marchés financier (et donc l‘abdication de l‘Etat de son rôle providentiel), c’est sous l’Egide de François Mitterrand que fut signé le traité de Maastricht, aliénation scandaleuse de la souveraineté française.

Et la souveraineté française, pour le général de Gaulle, était la condition sine qua non d’une politique sociale.

Reposez en paix, M. le président de la République.

Laurent.

Share

N'hésitez pas à vous abonner à notre flux rss.
Lire la suite ...!