Le 4 octobre 2010, le site internet du Figaro publiait un article intitulé « le zèle antisémite du maréchal Pétain » avec la fameuse photo de l'entretien de Montoire (Article du Figaro). Pour autant, l'intervention de l'historien Marc Ferro, historien réputé de gauche, dans l'article, se révèle être beaucoup plus nuancée que ce que le titre laissait présager.
Peu avant, Klarsfeld (Serge) avait asséné qu'il était désormais indiscutable que Pétain fut un farouche antisémite, un zélé collaborateur d'Hitler. Il avoua par là même que le précédent document sur lequel on s'était appuyé, à savoir un témoignage du ministre des Affaires Etrangères de Pétain, Paul Baudouin, n'était pas indiscutable (« On pouvait mettre ce témoignage en doute. Mais maintenant, on a la preuve définitive que le statut des Juifs relève de la volonté personnelle du maréchal Pétain »). J'avais pourtant cru que depuis Paxton, et depuis que l'idéologie de la repentance avait été sacralisée, on ne pouvait pas mettre cela en doute.
Il ne s'agit pas là de faire un débat historique sur le rôle de Pétain ; infiniment complexe au demeurant. Ce qui me préoccupe, c'est ce travail de sape de déconstruction de la cohésion nationale. On nous ressort un document pour nous expliquer quoi au fond ? que Pétain est à haïr ! N'avons-nous pas déjà entendu cela des milliers de fois ? Comme si, par ce document, Klarsfeld rétablissait une vérité oubliée...
Et pourtant, la repentance est devenue une réalité permanente. J'ai grandi dans un système éducatif qui m'a appris les terribles heures sombres, les horribles dérives de la France colonialiste, l'infâme esclavagisme napoléonien. J'ignorais, ou du moins je connaissais très vaguement, sans exagération de ma part, la grandiose épopée napoléonienne, et je maîtrisais mieux la biographie de Laval que du général Leclerc. La France n'est pas exempte de héros, mais on ne saurait plus rappeler leur vie : le « devoir de mémoire », - paradoxe fort intéressant -, les occulte constamment. Le déroulement des heures sombres est largement plus connu que l'épopée de Jeanne d'Arc. La « torture » de militaires français en Algérie nous est rappelée constamment ; l'implication d'un Lyautey dans les colonies françaises, presque jamais. De surcroît, cette obsession repentante se poursuit au-delà du système scolaire : au cinéma, chaque année, il y a forcément un film sur la Shoah et la collaboration (cette année : la Rafle) ou les atrocités de la colonisation française (Hors-la-loi) ; à la télé, forcément un reportage dessus.
Alors certes, de grandes commémorations, comme celle du 9 novembre dernier à l'occasion du 40ème anniversaire de la mort du Général ou celle du 11 novembre, subsistent. Mais on cantonne ces moments au strict minimum.
Il ne s'agit pas de nier la vérité historique, de banaliser la souffrance d'individus et de familles, d'occulter les erreurs qui ont pu être commises. Mais c'est un truisme d'une banalité affligeante qu'il faut aujourd'hui répéter : comment faire aimer la France aux immigrés qui viennent dans notre pays et qui veulent, a priori, s'assimiler, si l'on ne s'aime pas soi-même ? Si l'on pratique la repentance et la haine de soi ? Si les français haïssent leur histoire, pourquoi ces immigrés voudraient-ils « faire encore [de grandes choses ensemble] », avec tous les français (Renan) ?
Il est de bon ton d'évoquer le « vivre-ensemble » de Renan. Il est cependant plus malaisé de glorifier les grandes heures, ô combien innombrables, de l'histoire de France.
Sylvain.
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4 commentaires:
Bonjour, je suis très loin de vos options politiques (au plus loin), mais tombé par hasard sur votre page et puisque vous en appelez au scepticisme...
Sachez que vous vous trompez quand :
- vous clamez l'omniprésence de la mise en accusation de la colonisation, de Pétain. Si Pétain et Laval ont été diabolisés pour leurs crimes de guerre et ce qu'ont allait appeler contre l'humanité, la collaboration française fut tue très longtemps, ne serai-tce que parce qu'en famille, l'évocation de la chose étaient quasi impossible. Les manuels d'histoire des années 60 ne s'étendent pas sur le sujet, et bien plus sur le rayonnement de la France, Jeanne d'Arc, Napoléon etc.
La guerre d'Algérie est évocable depuis une dizaine d'année, c'est peu, c'est moins que partout ailleurs à l'exception peut-être de la Turquie.
- Cette repentance dont vous parlez n'existe pas. Qui connaissez-vous qui se soit repenti du rôle de la France dans divers conflits? Qui? Un nom? Vous? Moi je suis né en 1977, je condamne sans réserve les entrep^rises de domination des gouvernements français sur d'autres populations, richesses ou territoires, les torutres systématiques (femmes violées, frères ou maris assassinés devant leurs nefants etc...les horreurs habituelles de la guerre, la plus infame barbarie portée au quotidien par nos proches, la torture et la guerre quoi! Rien de souhaitable, non?), je ne repens de rien, je ne suis pas de ceux qui le firent, et je le condamne, sans honte ni pathos inutile. Regardez depuis quand on parle de repentance: depuis la question des lois mémorielles. Une toute petite dizaine d'année. Et encore n'a-t-elle semblé exister qu'à travers deux lois de commémoration. Et déjà vous vous sentez accablés?
- En terminale, j'avais la guerre, la résistance, j'avais De Gaulle, je n'avais pas la guerre d'Algérie. De même que l'on étudie jamais, la Commune de Paris, la République de Weimar ou les Empires Africains (des milliers d'années passées sous silence, de grands Empires, dont on ne dit tellement rien en France, y compris à des personnes que leur histoire lient à cette grande Histoire, que le président de France va dire que l'Afrique n'est pas entrée dans l'histoire! Ce qui est d'une absurdité sans nom.)
- Les Français (dont les italiens, polonais, belges, maghrébins, ouest- africains, savoyards, espagnols, etc.) ne haïssent pas leur histoire, ils haïssent une image désuète, inculte, et extrêmement partielle de l'histoire de France. Et pour ma part, je me fous de la folle Jeanne d'Arc ou du sanglant despote Napoléon, ce qui est sans rapport avec deux ou trois mille ans d'histoire.
Et si celle de France vous intéresse, allez voir celle du monde, c'est fascinant.
Vous (ce que vous représentez avec ce discours) cultivez de manière très jalouse une idée de la France, un legs historique que vous avez fait votre, et vous étonnez que tout le monde ne vous suive pas. Faites la place à d'autres dicsours, et vous verrez que ça ne menace rien de vos préférences imaginaires, de votre esthétique. Le rapport de force commence quand vous souhaitez imposer à tous une lecture de l'histoire qui ne convainc plus, a montrer ses failles et ses présupposés idéologiques, dont les conséquences furent assez désatreuses pour ne plus y revenir comme si rien n'avait eu lieu, comme si la souffrance que vous dites respecter, n'était pas, netre autres, le produit de cette histoire-là, qui vous plait tant et dont vous regrettez la disparition certaine.
Désolé pour les quelques fautes (de frappe essentiellement)
« Vous clamez l'omniprésence de la mise en accusation de la colonisation, de Pétain. Si Pétain et Laval ont été diabolisés pour leurs crimes de guerre et ce qu'ont allait appeler contre l'humanité, la collaboration française fut tue très longtemps, ne serai-tce que parce qu'en famille, l'évocation de la chose étaient quasi impossible. Les manuels d'histoire des années 60 ne s'étendent pas sur le sujet, et bien plus sur le rayonnement de la France, Jeanne d'Arc, Napoléon etc. »
Et alors ? A-t-on dit le contraire ? Sache que nous regrettons beaucoup d'aspect des années 50-60 (enlève la fin bien entendu)
« Cette repentance dont vous parlez n'existe pas. Qui connaissez-vous qui se soit repenti du rôle de la France dans divers conflits? Qui? Un nom? Vous? Moi je suis né en 1977, je condamne sans réserve les entrep^rises de domination des gouvernements français sur d'autres populations, richesses ou territoires, les torutres systématiques (femmes violées, frères ou maris assassinés devant leurs nefants etc...les horreurs habituelles de la guerre, la plus infame barbarie portée au quotidien par nos proches, la torture et la guerre quoi! Rien de souhaitable, non?), je ne repens de rien, je ne suis pas de ceux qui le firent, et je le condamne, sans honte ni pathos inutile. Regardez depuis quand on parle de repentance: depuis la question des lois mémorielles. Une toute petite dizaine d'année. Et encore n'a-t-elle semblé exister qu'à travers deux lois de commémoration. Et déjà vous vous sentez accablés? »
Nous sommes de la génération 89. Je te confirme que dans notre génération, nombreux sont ceux qui nous disent « les français ont fait du mal, il faut qu'on concède tout aujourd'hui en retour » (pas expressément bien entendu, mais en substance c'est ça). A-t-on fait l'apologie de la torture ? Nous disons juste que c'est une erreur que de vouloir toujours répéter cette facette de l'Histoire, et jamais l'autre, la glorieuse.
Oui nous nous sentons accablés, car nous avons grandi dans une société qui ne nous a appris que ça.
« - En terminale, j'avais la guerre, la résistance, j'avais De Gaulle, je n'avais pas la guerre d'Algérie. De même que l'on étudie jamais, la Commune de Paris, la République de Weimar ou les Empires Africains (des milliers d'années passées sous silence, de grands Empires, dont on ne dit tellement rien en France, y compris à des personnes que leur histoire lient à cette grande Histoire, que le président de France va dire que l'Afrique n'est pas entrée dans l'histoire! Ce qui est d'une absurdité sans nom.) »
Cf. ma 1ère réponse.
Je rajoute aussi que l'histoire de l'Afrique, soit, mais qu'il faudrait qu'on connaisse déjà l'histoire de la France, non ? Et je te garantis que nous n'avons RIEN APPRIS de cette histoire, j'ai dû tout apprendre par moi-même. Et ce n'est pas mon seul cas : dans mon entourage, l'ignorance règne.
« - Les Français (dont les italiens, polonais, belges, maghrébins, ouest- africains, savoyards, espagnols, etc.) ne haïssent pas leur histoire, ils haïssent une image désuète, inculte, et extrêmement partielle de l'histoire de France. Et pour ma part, je me fous de la folle Jeanne d'Arc ou du sanglant despote Napoléon, ce qui est sans rapport avec deux ou trois mille ans d'histoire. »
Tu aurais pu t'arrêter à « les Français ». Pourquoi fais-tu des distinctions ? Ne me dis pas que les immigrés ou les fils d'immigrés, actuellement, aiment tous la France... Et d'ailleurs, je ne leur jette pas l'opprobre ; par contre je dénonce sans nuance les français qui leur ont inculqué la haine de notre pays. En ce qui concerne ton avis, c'est ton droit, même si je pense qu'on pourrait en débattre (mais ça nous amènerait trop loin).
« Et si celle de France vous intéresse, allez voir celle du monde, c'est fascinant. »
Merci, mais je n'ai pas besoin de tes conseils pour m'intéresser aux autres pays. Tu crois vraiment que nous sommes des fanas de l'autarcie... trop de préjugés dis-moi ! Je n'ai jamais dit qu'il ne faut pas connaître l'histoire des autres pays : je dis juste qu'on offre un SMIC culturel comme dit Zemmour à nos élèves : un peu d'histoire de France par-ci par-là, un peu d'histoire d'Afrique, un peu d'Asie etc.
« Vous (ce que vous représentez avec ce discours) cultivez de manière très jalouse une idée de la France, un legs historique que vous avez fait votre, et vous étonnez que tout le monde ne vous suive pas. Faites la place à d'autres dicsours, et vous verrez que ça ne menace rien de vos préférences imaginaires, de votre esthétique. Le rapport de force commence quand vous souhaitez imposer à tous une lecture de l'histoire qui ne convainc plus, a montrer ses failles et ses présupposés idéologiques, dont les conséquences furent assez désatreuses pour ne plus y revenir comme si rien n'avait eu lieu, comme si la souffrance que vous dites respecter, n'était pas, netre autres, le produit de cette histoire-là, qui vous plait tant et dont vous regrettez la disparition certaine. »
Comme je t'ai dit, je ne suis pas contre le débat historique. Mais je préfère une histoire enseignée un peu chauvine (et on pourra, si on le souhaite, lire un peu des ouvrages historiques pour avoir un esprit critique) qui forment des enfants fiers d'appartenir à une communauté nationale, que une école de la repentance qui instruit aux enfants au mieux l'indifférence, au pire la haine de la France. Est-ce que j'ai dit qu'il n'y a pas des zones d'ombre dans l'histoire de la France ? Tu crois que j'aime Laval ou bien ? Simplement, je n'instruis pas à mes enfants mes défauts, les choses mal que j'ai faites, et ceux de ma famille. Quand ils seront grands, on en rediscutera.
Pas de problème pour les fautes, tant que c'est rédigé correctement et vu que c'est le cas.
Je te remercie bien sûr de participer ; je précise que la virulence du débat n'empêche pas le respect de la discussion.
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