lundi 31 mai 2010

Le sport, c'est la guerre.

« Pacem et circenses », voila ce que demandait le peuple de Rome à ses dirigeants, selon Juvénal ; le peuple de France ne demande pas mieux. Si cette année, il râle encore en payant sa baguette à cause de la crise, il n’en reste pas moins qu’il est beaucoup mieux servi en ce qui concerne le sport ! En effet cette année, pour le plus grand bonheur des téléspectateurs, se succèdent Roland-Garros, la Coupe du monde, et le Tour de France.

Si nous l’aimons tant, c’est peut-être parce que le sport ressemble beaucoup à notre vie quotidienne, en plus brutal. Si le monde du sport est régi par des règles strictes, il n’en reste pas moins que c’est (généralement) le meilleur qui l’emporte, le prix de la victoire étant la déconfiture du vaincu ; c’est la loi du plus fort qui règne, pour la plus grande joie du public qui exulte d’autant plus que le sportif, ou l’équipe qu’il supporte écrase son adversaire.

Le sport, c’est la guerre », titrait le Monde Diplomatique, il y a quelques années ; je suis du même avis. Il ne faut pas se voiler la face, le sportif retrouve avec joie ses instincts primaires, et son goût pour la violence et la compétition lorsqu’il est sur le terrain, et le français moyen dévirilisé du tertiaire ou l’ouvrier épuisé, vibrent de se sentir puissant et viril par procuration. Pourquoi pas ? La violence fait partie de l’homme, il serait stupide de l’occulter, et le sport représente un formidable catalyseur. On blâme – à raison – les supporteurs qui scandent des insultes « racistes » ou « xénophobes », mais n’est-ce pas préférable qu’ils évacuent leur virulence en regardant un match de football, plutôt que de frapper une bobonne hystérique, ou un arabe qui n’a rien demandé ?

C’est souvent à l’occasion d’importantes rencontres sportives que le nationaliste s’enflamme, et que l’homme de gauche se découvre un peu chauvin le temps de la compétition, et l’on peut savourer ces moments rares où une France en manque d’identité nationale semble plus rassemblée, plus soudée, derrière « ses joueurs ». Lesquels joueurs qui, bien mieux payés par leurs clubs internationaux, se refusent parfois à jouer en équipe nationale !

Le sport est un métier pour ceux qui le pratiquent, et un divertissement pour ceux qui le regardent. Dans les deux cas, il ne faut pas qu’il devienne une tartufferie, car les gens détestent les tricheurs, et nombreux sont les amateurs de cyclisme qui déplorent l’expansion du dopage, les amoureux du football qui s’indignent des sommes faramineuses qui servent de salaires aux plus grands joueurs, les passionnés de Tennis qui regrettent que Rafael Nadal ou Maria Sharapova ne soient plus seulement d’excellents joueurs, mais les égéries des grandes marques, ce qui leur permet de toucher de confortables cachets qu’ils méritent encore moins que ceux qu’ils doivent à leur virtuosité à la raquette.

Le sport est aussi un enjeu politique, et on ne peut que constater à regret que les énormes moyens mis en œuvre à chaque évènement sportif par nos dirigeants ont parfois pour but de nous distraire d’enjeux fondamentalement plus importants, raison pour laquelle il faut rester vigilant... Sans toutefois oublier d’encourager l’équipe de France de Football pour la Coupe du Monde !

Laurent.

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Comme Hegel, je pense que la guerre n'est pas forcément un mal. Plus précisément, qu'il n'y a pas que des mauvais côtés. La guerre peut servir à souder un pays, à rendre au peuple le goût de l'effort et du travail, de ressentir bravoure, et de se sentir dévoué envers la communauté. On a pu observer ces effets bénéfiques lors de l'Union sacrée de 1914, puis avec la transmission de valeurs fortes par les Anciens combattants durant l'entre-deux-guerres (quoique leur pacifisme, compréhensible, ait pu participer à la défaite de 1940).

Bien entendu, il ne s'agit plus de prôner la guerre. Son horreur n'a d'égal que le nombre de morts durant les deux dernières guerres mondiales.

Le sport, dès lors, est un excellent substitut. Comme cela a été dit par de nombreux auteurs et rappelé par Laurent, le sport, c'est la guerre. Les morts en moins. Les communautés nationales rivalisent, dans le respect des règles. Chaque pays, chaque peuple, espère, chauvin, que son équipe va gagner.

On pourra se plaindre du sport-commerce, catalyseur du dopage; s'attrister que les sportifs-stars sont relativement méprisants envers leurs supporters; s'exaspérer que la montée en intérêt du sport se couple d'une dépolitisation terrifiante... mais comment ne pas se réjouir de voir les nations, dans toute leur diversité, entrer dans une saine compétition qui fait supporter, hurler, voire pleurer ?

Si les côtés négatifs ne manquent pas, le sport réveille une sublime transcendance : la Nation. Le sentiment d'appartenir à une communauté.

Sylvain.

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