« J'estime que ce XXème siècle opulent et matérialiste ne nous a que trop longtemps maintenus, les uns par la faim, les autres par l'aisance, dans un état de semi-bestialité » expliquait Soljenitsyne dans L'erreur de l'Occident.
12 février 2010 : « Trois adolescentes de 14, 15 et 17 ans ont été mises en examen hier soir à Grenoble pour actes de tortures et de barbarie, séquestration avec violence et extorsion de fonds, après avoir séquestré, volé et frappé un voisin quinquagénaire » (Site internet « Le Figaro »). Oui, bien sûr, c'est une horreur; mais je ne veux pas faire de sentimentalisme.
À la fin de l'article, le journaliste cite une responsable de la police : ces filles « ont expliqué qu'elles avaient besoin de dépenser de l'argent et de faire la fête ». Quand j'ai commencé à lire l'article, j'avais plus ou moins deviné ce motif : pas très difficile, effectivement. Mais pourquoi n'est-ce pas étonnant ?
Parce qu'aujourd'hui, notre société, et plus particulièrement les jeunes, baignent dans un matérialisme omniprésent, comme le signalait déjà Soljenitsyne. Entre l'utilitarisme de Bentham et le libéralisme économique, à l'origine entre autres du « désenchantement du monde », la société occidentale dérive dans la sacralisation de l'individu.
Dans le même sens, Mai 68 (quand on vous dit que Mai 68 est l'allié objectif du capitalisme !) et l'anéantissement de la morale catholique, ou toutes les valeurs qui s'en sont inspiré, ont provoqué la destruction des liens sociaux, au profit d'une société ultra-individualiste et ultra-matérialiste, ne concevant les liens sociaux qu'en rapport matériel.
Cette société, beaucoup de gens y consentent, car Mai 68 plaît, attire, satisfait des désirs refoulés, contrairement à l'instauration d'une dictature. « La pression déclarée du mal corrompt les hommes d'une manière moins pernicieuse qu'une insidieuse séduction »...
Matériellement, toutes les jeunes filles n'ont pas les moyens de s'acheter du maquillage, d'être à la mode et de consommer tout le temps. Nos trois présumés coupables, probablement « émancipés », n'avaient pas les moyens de poursuivre une surenchère consumériste par leurs propres moyens financiers (enfin ceux de leurs parents, cela va de soi) à laquelle notre société incite; et à laquelle, très probablement, elles aspiraient fortement (il suffit d'ouvrir les yeux pour voir ce que sont la plupart des jeunes filles de nos jours). Je ne sais pas quelle était leur condition financière exacte, mais cela importe peu. Ce qui importe, c'est qu'elles sont arrivées au point de rupture. Elles peuvent bien être riches, la consommation n'a pas de limite.
Alors certes, le passage à l'acte est extrême, et fort heureusement, il ne suffit pas de vouloir consommer pour en arriver jusque là (beaucoup d'autres facteurs seraient à prendre en compte). Mais cela n'enlève pas ce que suggère cet acte, représentatif de ce qu'est devenue notre société. L'extrême violence – indirecte, donc pernicieuse – des liens sociaux, réduits à des rapports matériels, et la désagrégation totale de ces mêmes liens au profit de la société de consommation, se trouvent là illustrées dans ce « fait divers ».
Mais, je laisse Soljenitsyne l'expliquer avec beaucoup plus de talent : « Tout ceci n'est que l'épaisse et grasse conséquence d'une prospérité érigée en fin dernière de l'existence, en lieu et place de la noblesse d'esprit, des nobles idéaux dont l'Occident s'est départi ».
C'est toujours drôle de voir une grande partie de notre société et la plupart des jeunes s'accorder à cracher sur le « Travail, Famille, Patrie ».
Sylvain.
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12 février 2010 : « Trois adolescentes de 14, 15 et 17 ans ont été mises en examen hier soir à Grenoble pour actes de tortures et de barbarie, séquestration avec violence et extorsion de fonds, après avoir séquestré, volé et frappé un voisin quinquagénaire » (Site internet « Le Figaro »). Oui, bien sûr, c'est une horreur; mais je ne veux pas faire de sentimentalisme.
À la fin de l'article, le journaliste cite une responsable de la police : ces filles « ont expliqué qu'elles avaient besoin de dépenser de l'argent et de faire la fête ». Quand j'ai commencé à lire l'article, j'avais plus ou moins deviné ce motif : pas très difficile, effectivement. Mais pourquoi n'est-ce pas étonnant ?
Parce qu'aujourd'hui, notre société, et plus particulièrement les jeunes, baignent dans un matérialisme omniprésent, comme le signalait déjà Soljenitsyne. Entre l'utilitarisme de Bentham et le libéralisme économique, à l'origine entre autres du « désenchantement du monde », la société occidentale dérive dans la sacralisation de l'individu.
Dans le même sens, Mai 68 (quand on vous dit que Mai 68 est l'allié objectif du capitalisme !) et l'anéantissement de la morale catholique, ou toutes les valeurs qui s'en sont inspiré, ont provoqué la destruction des liens sociaux, au profit d'une société ultra-individualiste et ultra-matérialiste, ne concevant les liens sociaux qu'en rapport matériel.
Cette société, beaucoup de gens y consentent, car Mai 68 plaît, attire, satisfait des désirs refoulés, contrairement à l'instauration d'une dictature. « La pression déclarée du mal corrompt les hommes d'une manière moins pernicieuse qu'une insidieuse séduction »...
Matériellement, toutes les jeunes filles n'ont pas les moyens de s'acheter du maquillage, d'être à la mode et de consommer tout le temps. Nos trois présumés coupables, probablement « émancipés », n'avaient pas les moyens de poursuivre une surenchère consumériste par leurs propres moyens financiers (enfin ceux de leurs parents, cela va de soi) à laquelle notre société incite; et à laquelle, très probablement, elles aspiraient fortement (il suffit d'ouvrir les yeux pour voir ce que sont la plupart des jeunes filles de nos jours). Je ne sais pas quelle était leur condition financière exacte, mais cela importe peu. Ce qui importe, c'est qu'elles sont arrivées au point de rupture. Elles peuvent bien être riches, la consommation n'a pas de limite.
Alors certes, le passage à l'acte est extrême, et fort heureusement, il ne suffit pas de vouloir consommer pour en arriver jusque là (beaucoup d'autres facteurs seraient à prendre en compte). Mais cela n'enlève pas ce que suggère cet acte, représentatif de ce qu'est devenue notre société. L'extrême violence – indirecte, donc pernicieuse – des liens sociaux, réduits à des rapports matériels, et la désagrégation totale de ces mêmes liens au profit de la société de consommation, se trouvent là illustrées dans ce « fait divers ».
Mais, je laisse Soljenitsyne l'expliquer avec beaucoup plus de talent : « Tout ceci n'est que l'épaisse et grasse conséquence d'une prospérité érigée en fin dernière de l'existence, en lieu et place de la noblesse d'esprit, des nobles idéaux dont l'Occident s'est départi ».
C'est toujours drôle de voir une grande partie de notre société et la plupart des jeunes s'accorder à cracher sur le « Travail, Famille, Patrie ».
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