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dimanche 17 octobre 2010

La révolution revue par les lycéens.

Lycéen, je me réjouissais des blocages de mon lycée durant l'année scolaire 2004-2005 à l'occasion des manifestations contre le fameux CPE. Non parce que j'étais contre le CPE, mais parce que cela m'évitait d'aller en cours.
Aujourd'hui, que des jeunes aient l'impertinence d'empêcher des élèves de suivre leurs études me révolte. Ils prétendent défendre leur « liberté d'expression », ils ne font pour la plupart que s'amuser. Les uns affichent leur romantisme révolutionnaire, le Che en modèle (Article sur la vogue de l'anarchisme), les autres suivent par mimétisme, pour être avec les « potes » ; les unes se prennent pour Marianne -guidant le « peuple »- et se veulent égéries par pur narcissisme féminin, les autres pour se faire remarquer aux yeux de leur « amoureux ». Au mieux, ils défendent réellement leurs « idées » vaguement conceptualisées, mais dont ils estiment qu'elles ont une valeur : dans notre époque, tout se vaut. Les lycéens ont le droit de s'exprimer, nous dit-on. Mais la citoyenneté n'implique-t-elle pas un apprentissage ? Au moins un minimum de maturité et de compréhension du monde social ? Dans ce cas là, pourquoi ne pas abaisser l'âge du droit de vote encore et toujours plus bas ?

Cependant, admettons que certains soient animés par un sentiment d'injustice et possèdent un minimum de concept. Cela ne résout pas la question primordiale de cette histoire : pourquoi bloquent-ils ?

La raison est très simple ; elle est même quasi-officielle. Il s'agit en effet de pouvoir manifester tout en empêchant que les cours se poursuivent... Il serait injuste que pendant qu'eux lèvent le poing dans la rue, usent de leur « liberté d'expression », d'autres puissent continuer à travailler !
On peut voir là tout le gauchisme résumé : nous sommes tolérants, certes, mais certains méritent plus la tolérance que d'autres. Il faut défendre la liberté d'expression, mais seulement la nôtre : celle des lycéens qui veulent aller en cours pour une raison qui leur est propre, qu'ils estiment ne pas avoir la compétence requise pour se prononcer, qu'ils soient favorables au projet du gouvernement (ce qui est également, aux dernières nouvelles, un droit), ou même qu'ils ne le défendent pas mais qu'ils veulent tout de même aller en cours, ce n'est le problème de nos révolutionnaires en herbe.

Au fond, le problème majeur réside dans le rapport entre générations. On ne peut jeter l'opprobre que sur ces lycéens qui bloquent. C'est une bonne partie de la société en effet qui n'ose plus afficher une réelle fermeté à leur égard. Pire, elle les justifie.
Ce manque d'autorité permanent n'est au final que le fruit d'un mouvement initié depuis un long moment et dont le paroxysme nous est bien connu. Mai 68 eut pour objet de diaboliser toute autorité : puisque l'autorité c'est le fascisme, il faut désormais « écouter les jeunes » ; on n'en oublie d'autant plus qu'il faut d'abord leur inculquer (par l'autorité) des connaissances, pour qu'ils puissent exprimer une idée, une pensée ! L'autorité veille à ce que l'enfant s'attèle au travail et évite par là-même de s'adonner à des plaisirs vains. Est-ce une horreur ?

Que des lycéens estiment qu'ils sont aptes à avoir une opinion, soit ; que des professeurs ou des intervenants nous expliquent qu'il faut les laisser s'exprimer, d'accord, passons. Mais, au moins, qu'ils laissent les autres lycéens se former à leur rythme.

Sylvain.

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lundi 31 mai 2010

Le sport, c'est la guerre.

« Pacem et circenses », voila ce que demandait le peuple de Rome à ses dirigeants, selon Juvénal ; le peuple de France ne demande pas mieux. Si cette année, il râle encore en payant sa baguette à cause de la crise, il n’en reste pas moins qu’il est beaucoup mieux servi en ce qui concerne le sport ! En effet cette année, pour le plus grand bonheur des téléspectateurs, se succèdent Roland-Garros, la Coupe du monde, et le Tour de France.

Si nous l’aimons tant, c’est peut-être parce que le sport ressemble beaucoup à notre vie quotidienne, en plus brutal. Si le monde du sport est régi par des règles strictes, il n’en reste pas moins que c’est (généralement) le meilleur qui l’emporte, le prix de la victoire étant la déconfiture du vaincu ; c’est la loi du plus fort qui règne, pour la plus grande joie du public qui exulte d’autant plus que le sportif, ou l’équipe qu’il supporte écrase son adversaire.

Le sport, c’est la guerre », titrait le Monde Diplomatique, il y a quelques années ; je suis du même avis. Il ne faut pas se voiler la face, le sportif retrouve avec joie ses instincts primaires, et son goût pour la violence et la compétition lorsqu’il est sur le terrain, et le français moyen dévirilisé du tertiaire ou l’ouvrier épuisé, vibrent de se sentir puissant et viril par procuration. Pourquoi pas ? La violence fait partie de l’homme, il serait stupide de l’occulter, et le sport représente un formidable catalyseur. On blâme – à raison – les supporteurs qui scandent des insultes « racistes » ou « xénophobes », mais n’est-ce pas préférable qu’ils évacuent leur virulence en regardant un match de football, plutôt que de frapper une bobonne hystérique, ou un arabe qui n’a rien demandé ?

C’est souvent à l’occasion d’importantes rencontres sportives que le nationaliste s’enflamme, et que l’homme de gauche se découvre un peu chauvin le temps de la compétition, et l’on peut savourer ces moments rares où une France en manque d’identité nationale semble plus rassemblée, plus soudée, derrière « ses joueurs ». Lesquels joueurs qui, bien mieux payés par leurs clubs internationaux, se refusent parfois à jouer en équipe nationale !

Le sport est un métier pour ceux qui le pratiquent, et un divertissement pour ceux qui le regardent. Dans les deux cas, il ne faut pas qu’il devienne une tartufferie, car les gens détestent les tricheurs, et nombreux sont les amateurs de cyclisme qui déplorent l’expansion du dopage, les amoureux du football qui s’indignent des sommes faramineuses qui servent de salaires aux plus grands joueurs, les passionnés de Tennis qui regrettent que Rafael Nadal ou Maria Sharapova ne soient plus seulement d’excellents joueurs, mais les égéries des grandes marques, ce qui leur permet de toucher de confortables cachets qu’ils méritent encore moins que ceux qu’ils doivent à leur virtuosité à la raquette.

Le sport est aussi un enjeu politique, et on ne peut que constater à regret que les énormes moyens mis en œuvre à chaque évènement sportif par nos dirigeants ont parfois pour but de nous distraire d’enjeux fondamentalement plus importants, raison pour laquelle il faut rester vigilant... Sans toutefois oublier d’encourager l’équipe de France de Football pour la Coupe du Monde !

Laurent.

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Comme Hegel, je pense que la guerre n'est pas forcément un mal. Plus précisément, qu'il n'y a pas que des mauvais côtés. La guerre peut servir à souder un pays, à rendre au peuple le goût de l'effort et du travail, de ressentir bravoure, et de se sentir dévoué envers la communauté. On a pu observer ces effets bénéfiques lors de l'Union sacrée de 1914, puis avec la transmission de valeurs fortes par les Anciens combattants durant l'entre-deux-guerres (quoique leur pacifisme, compréhensible, ait pu participer à la défaite de 1940).

Bien entendu, il ne s'agit plus de prôner la guerre. Son horreur n'a d'égal que le nombre de morts durant les deux dernières guerres mondiales.

Le sport, dès lors, est un excellent substitut. Comme cela a été dit par de nombreux auteurs et rappelé par Laurent, le sport, c'est la guerre. Les morts en moins. Les communautés nationales rivalisent, dans le respect des règles. Chaque pays, chaque peuple, espère, chauvin, que son équipe va gagner.

On pourra se plaindre du sport-commerce, catalyseur du dopage; s'attrister que les sportifs-stars sont relativement méprisants envers leurs supporters; s'exaspérer que la montée en intérêt du sport se couple d'une dépolitisation terrifiante... mais comment ne pas se réjouir de voir les nations, dans toute leur diversité, entrer dans une saine compétition qui fait supporter, hurler, voire pleurer ?

Si les côtés négatifs ne manquent pas, le sport réveille une sublime transcendance : la Nation. Le sentiment d'appartenir à une communauté.

Sylvain.

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dimanche 21 février 2010

Soljenitsyne, un visionnaire de la déshumanisation de l'Occident.


« J'estime que ce XXème siècle opulent et matérialiste ne nous a que trop longtemps maintenus, les uns par la faim, les autres par l'aisance, dans un état de semi-bestialité » expliquait Soljenitsyne dans L'erreur de l'Occident.

12 février 2010 : « Trois adolescentes de 14, 15 et 17 ans ont été mises en examen hier soir à Grenoble pour actes de tortures et de barbarie, séquestration avec violence et extorsion de fonds, après avoir séquestré, volé et frappé un voisin quinquagénaire » (Site internet « Le Figaro »). Oui, bien sûr, c'est une horreur; mais je ne veux pas faire de sentimentalisme.
À la fin de l'article, le journaliste cite une responsable de la police : ces filles « ont expliqué qu'elles avaient besoin de dépenser de l'argent et de faire la fête ». Quand j'ai commencé à lire l'article, j'avais plus ou moins deviné ce motif : pas très difficile, effectivement. Mais pourquoi n'est-ce pas étonnant ?

Parce qu'aujourd'hui, notre société, et plus particulièrement les jeunes, baignent dans un matérialisme omniprésent, comme le signalait déjà Soljenitsyne. Entre l'utilitarisme de Bentham et le libéralisme économique, à l'origine entre autres du « désenchantement du monde », la société occidentale dérive dans la sacralisation de l'individu.
Dans le même sens, Mai 68 (quand on vous dit que Mai 68 est l'allié objectif du capitalisme !) et l'anéantissement de la morale catholique, ou toutes les valeurs qui s'en sont inspiré, ont provoqué la destruction des liens sociaux, au profit d'une société ultra-individualiste et ultra-matérialiste, ne concevant les liens sociaux qu'en rapport matériel.
Cette société, beaucoup de gens y consentent, car Mai 68 plaît, attire, satisfait des désirs refoulés, contrairement à l'instauration d'une dictature. « La pression déclarée du mal corrompt les hommes d'une manière moins pernicieuse qu'une insidieuse séduction »...

Matériellement, toutes les jeunes filles n'ont pas les moyens de s'acheter du maquillage, d'être à la mode et de consommer tout le temps. Nos trois présumés coupables, probablement « émancipés », n'avaient pas les moyens de poursuivre une surenchère consumériste par leurs propres moyens financiers (enfin ceux de leurs parents, cela va de soi) à laquelle notre société incite; et à laquelle, très probablement, elles aspiraient fortement (il suffit d'ouvrir les yeux pour voir ce que sont la plupart des jeunes filles de nos jours). Je ne sais pas quelle était leur condition financière exacte, mais cela importe peu. Ce qui importe, c'est qu'elles sont arrivées au point de rupture. Elles peuvent bien être riches, la consommation n'a pas de limite.

Alors certes, le passage à l'acte est extrême, et fort heureusement, il ne suffit pas de vouloir consommer pour en arriver jusque là (beaucoup d'autres facteurs seraient à prendre en compte). Mais cela n'enlève pas ce que suggère cet acte, représentatif de ce qu'est devenue notre société. L'extrême violence – indirecte, donc pernicieuse – des liens sociaux, réduits à des rapports matériels, et la désagrégation totale de ces mêmes liens au profit de la société de consommation, se trouvent là illustrées dans ce « fait divers ».
Mais, je laisse Soljenitsyne l'expliquer avec beaucoup plus de talent : « Tout ceci n'est que l'épaisse et grasse conséquence d'une prospérité érigée en fin dernière de l'existence, en lieu et place de la noblesse d'esprit, des nobles idéaux dont l'Occident s'est départi ».

C'est toujours drôle de voir une grande partie de notre société et la plupart des jeunes s'accorder à cracher sur le « Travail, Famille, Patrie ».

Sylvain.

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