samedi 26 juin 2010

Carton rouge.

Nous sommes mardi, il est bientôt seize heures et j’attends le coup d’envoi du match qui doit avoir lieu entre l’équipe de France et celle de l’Afrique du sud. Comme des millions de français, je ne crois guère plus en la qualification des bleus, mais je regarde la rencontre, par acquit de conscience, et peut être aussi parce que j’ai envie de participer à cet ultime rassemblement national, autour d’une équipe qui porte les couleurs de notre patrie.

Les improbables joueurs français rentrent sur le terrain, et entonnent une Marseillaise de mauvaise grâce. Certains, affichant un air buté et bovin, se refusent même à chanter l’hymne national. Cette équipe de millionnaires apatrides individualistes à l’égo surdimensionné se fracasse contre le bel esprit d’équipe des africains du sud, et la France soupire. De déception, mais aussi de soulagement : elle n’aura plus à supporter cette équipe qui lui fait honte. A un pays déjà fragilisé par les tensions communautaires, on a donné à voir une équipe visiblement divisée en clans ethnico-religieux rivaux. On se croirait en banlieue, jusque dans le langage d’un Franck Ribery, incapable d’aligner trois phrases sans se répéter, dans un français approximatif, balancé avec un accent grotesque.

Le lendemain à la même heure, je traverse la capitale, et rencontre un peu partout des supporters de l’équipe d’Algérie, drapés dans le drapeau d’une nation qui n’est pas la leur, et une fois de plus je m’étonne de l’engouement de jeunes français d’origine algérienne pour une équipe représentant un pays dont ils ne savent rien, mais surtout de celui des petits blancs à qui on a appris la détestation de la France, et qui arborent d’autres couleurs pour imiter leurs petits camarades.

Mais l’équipe d’Algérie perd, et c’est la débandade. Pour des raisons incompréhensibles, certains des supporters de l’équipe renversent et brûlent des véhicules, brisent les vitrines de plusieurs magasins, menacent d’assaillir la fondation des Etats-Unis à Cité universitaire. Ces jeunes ne sont ni français, ni même algériens. À l’instar de l’équipe de France de football, ils sont apatrides, se nourrissant des fantasmes d’un « bled » idéalisé, et d’une haine viscérale pour la France et ses institutions.

Et si ça avait été France-Algérie ?

Les bleus eux, vont sûrement prendre quelques vacances. Nous aussi. Au moins jusqu’à septembre.

Laurent.

PS : Chers lecteurs, nous prenons congé pour juillet et août. Nous vous souhaitons de bonnes vacances... et à septembre !

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Hommage au Général Bigeard (1916-2010)

Il est de ces hommes qui imposent le respect.

Marcel Bigeard n'était pas un théoricien de talent; ni un penseur de génie; encore moins un écrivain hors normes. Ses incohérences idéologiques furent nombreuses : il a soutenu Giscard d'Estaing au moment du regroupement familial; il s'est réjoui que Truchet, le président de la Banque Centrale Européenne, soit un français, sans remarquer que cela ne l'empêche pas d'agir contre les intérêts de la France. Dans le même temps, il a prôné un moratoire sur l'immigration et s'est fait le chantre d'une nation française forte et indépendante.

Mais on lui pardonnera cela tellement l'homme fut admirable. Fervent patriote, sa vie fut consacrée à un idéal : la France. Toute sa vie, il se battit pour le drapeau tricolore : « être et durer » aimait-il à répéter. Cette droiture remarquable lui a valu le respect infini des militaires français... et même étrangers. Figure paternelle comme l'on n'en voit plus, il constitue un modèle de vertu, de probité et de courage.

Dans une société décadente rongée par la haine de notre propre pays et la jouissance soixante-huitarde, le décès de cette figure nous rappelle qu'il y a des hommes et des femmes qui ont consacré leur vie à la France.

Marcel Bigeard, il y a peu, s'attristait de l'état de son pays : « Je vais casser ma pipe et je ne serai pas mécontent. Car j'ai trop aimé la France pour accepter ce qu'elle est devenue ».

Ce n'était plus à lui d'agir. « Adieu ma France » dit-il ainsi tristement mais non sans espoirs.

Adieu, Général. La France vous salue.

Sylvain.

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dimanche 13 juin 2010

Sarkozy : Trahir plus pour gagner plus ?

On entend, dans les journaux traditionnellement de gauche, mais aussi dans le Figaro, que Sarkozy serait en train d'opérer un virage à droite. Tout le monde le dit, Sarkozy veut récupérer le traditionnel électorat de droite qui s'est reclus, au moment des élections régionales, dans l'abstention, ou qui est retourné dans le camp du « Pénix » selon le mot du président du Front National.

Tactiquement, on comprend l'hypocrite Sarkozy. On se souvient notamment, non sans regrets, du fameux discours prononcé à Bercy dans lequel Sarkozy alors encore candidat à l'élection présidentielle de 2007, annonça, devant une foule enthousiaste, qu'il va « liquider Mai 68 ». Il ne pouvait viser mieux pour séduire les personnes de droite. Si les partis de gauche criaient à l'ignominie de celui qui voulait récupérer les voix nauséabondes de l'odieux FN, Jean-Marie le Pen se scandalisait de ce qu'il qualifia de « vol ». Au final, peu importe, car selon de nombreux observateurs, même de gauche, ce positionnement idéologique lui a permis de gagner les élections présidentielles.

On connaît la suite. Enfin, pas tous. La gauche continua de jeter l'opprobre : Sarkozy était un homme de droite, si ce n'était un fasciste. On en rit encore. Mais au fond, cela n'étonne guère du PS qui s'attèle à nous faire croire en un clivage devenu inexistant (cf. notre article : La fin d'un clivage), pour mieux nous faire oublier qu'il n'est qu'un suppôt de la mondialisation libérale.

Le peuple de droite, lui, ne fut pas longtemps dupe : l'anti-Mai 68 se révéla être l'un de ses enfants. Jusqu'à la caricature. Dîner le soir même de sa victoire au Fouquet's en compagnie de Johnny Hallyday; vacances prises sur le yacht de son ami Bolloré; exubérance « bling-bling » et fin de la distinction public / privé. Où est celui qui a prôné la liquidation de l'idéologie de la jouissance ? Quand on pense que de Gaulle payait lui-même les factures d'électricité de l'Elysée, on se demande où s'est évaporée la morale ! Ô temps, pourquoi n'as-tu pas suspendu ton vol !

Et ce n'est pas fini, car il y a pire. À la trahison morale se dédouble la trahison politique : l'ouverture; l'atlantisme affiché; l'approbation totale du G20 qui a inscrit dans sa déclaration finale que le protectionnisme est indéfendable; le Traité de Lisbonne, copie du Traité sur la Constitution européenne refusé par référendum; l'inaction en ce qui concerne la sécurité et l'immigration; la politique américanisée telle que « l'affirmative action » (qualifié en France de « discrimination positive »)... Que de contradictions entre les paroles (de droite) et les actes (qui n'ont rien de droite) !

Je n'ignore pas ce que nous a appris l'illustre historien René Rémond et sa fameuse théorie des trois droites : cependant, les « orléanistes », consciemment ou non, composent désormais, avec la gauche, l'idéologie libérale-libertaire. Le marché qu'ils adulent – toujours – s'est révélé être le pire ennemi des valeurs de droite – qu'ils défendaient – : Marx et Kropotkine eux-mêmes l'ont dit, bien qu'ils ne fussent pas, cela va sans dire, réactionnaires.

Il est désormais impossible de croire Sarkozy. Je comprends les électeurs qui votent UMP par tradition... ou par dépit. Je sais que le RPR avait auparavant un programme politique proche du FN, et que la différence entre ces deux partis se portaient principalement sur les sensibles questions de l'Algérie et du gaullisme.

Mais, il faut comprendre que les valeurs de droite ont disparu de l'horizon sarkozyste. Et, si Sarkozy nous a menti une fois, il ne doit pas nous avoir une deuxième fois.

Sylvain.

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